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Actualités américaines
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1 août 2004

Kerry mis sur orbite

Convention - Bill Clinton et les leaders démocrates ont adoubé le ticket Kerry-Edwards. En visant l'électorat modéré du centre.

Michael Moore en a été pour ses frais. Alors que son film « Fahrenheit 9/11 » fait un malheur aux Etats-Unis, le porte-drapeau des anti-Bush n'a pas eu droit aux honneurs de la tribune pour l'ouverture de la convention démocrate à Boston. Dans l'enceinte du FleetCenter, tapissé de 100 000 ballons bleus, rouges et blancs, les délégués étaient pourtant remontés comme des pendules. « Cette convention est plus excitante que celle de 2000, on est ici pour mener la guerre contre Bush », s'enflammait Rosalie Cooke, venue de Floride. Une déléguée de Californie renchérissait : « C'est génial d'être ici. Ça redonne de l'énergie pour virer "W" ! »

Kerry greeting constituentMais, du côté des organisateurs, la consigne était claire. Pas d'antibushisme primaire ni de rhétorique enflammée à la Michael Moore, qui n'a eu droit au micro que dans une enceinte parallèle. Il faut po-si-ti-ver. Pour reprendre la Maison-Blanche, les démocrates doivent d'abord conquérir le très faible pourcentage des électeurs encore indécis, répartis pour l'essentiel dans 17 Etats clés. Des électeurs modérés qu'il ne faut surtout pas effaroucher avec des discours trop radicaux. Un proche de Kerry résume : « Nous pouvions transformer cette convention en une manif non-stop contre Bush. Tout le monde aurait été content. Mais on terminait avec 42 % des voix et on perdait les élections. »

John Kerry, dont l'objectif prioritaire est de se camper en présidentiable aux yeux du pays tout entier, et de donner à sa campagne un élan national qu'elle n'a pas encore trouvé, n'allait pas gâcher ses chances. Pour le sénateur du Massachusetts, il s'agit d'abord d'échapper à l'étiquette de « gauchiste » que les républicains lui ont collée, mais aussi de se présenter sous son meilleur profil aux deux tiers des Américains qui avouent toujours ne pas le connaître. Bill Richardson, gouverneur du Nouveau-Mexique et grand maître des cérémonies à la convention de Boston, confirme : « Notre objectif est de montrer le côté personnel du sénateur Kerry, ses états de service au Vietnam et ses qualités de leader. »

Dès l'ouverture, lundi, le show est savamment orchestré. Tout ce que le pays compte de démocrates a convergé vers Boston, placée sous haute surveillance policière et désertée par ses habitants. A la tribune, les anciens compagnons d'armes de Kerry au Vietnam se relaient pour faire l'éloge de son courage. Sa femme et ses deux filles louent ses qualités de mari et de père de famille. Sans parler des ténors démocrates, de Bill Clinton à Ted Kennedy ou Jimmy Carter, qui se succèdent pour assurer sur tous les tons que John Kerry a l'étoffe d'un président et d'un commandant en chef.

Al Gore, victime de l'« élection volée » de 2000, y est allé de sa diatribe. Jimmy Carter a lancé quelques piques contre Bush : « Les Etats-Unis ne peuvent pas être un pays leader si leur propre leader les trompe ! » Clinton, le héros de la première soirée, a défini Kerry comme « un homme bon, un grand sénateur et un leader visionnaire ». Brillant comme à son habitude, il a fait vibrer la salle en se moquant des républicains avec humour et courtoisie.

Le sang-froid du guerrier

Enterrées, donc, les querelles intestines et les rancoeurs de la gauche démocrate exaspérée par le recentrage hérité des années Clinton. Les délégués ont ravalé leurs états d'âme pour que le parti puisse présenter une façade unie. Mais, après quatre jours d'hagiographie non-stop, c'est à John Kerry qu'il devait revenir jeudi, dans son discours d'acceptation de l'investiture démocrate, de convaincre les électeurs hésitants.

Bien au-delà des effusions de congrès, c'était le véritable enjeu de cette convention. Tous ceux qui connaissent bien John Kerry l'attestent : cet homme qui a eu le sang-froid du guerrier au Vietnam a besoin de sentir « le frisson de la mort » pour donner son meilleur en politique. Il l'avait montré en sauvant au finish, contre toute attente, son siège de sénateur du Massachusetts en 2002. Il l'a prouvé en remportant brillamment les primaires démocrates, l'hiver dernier, alors que tous les experts le donnaient politiquement mort à l'automne. Cette fois, le défi est d'une tout autre ampleur. Pour la dernière ligne droite de l'élection présidentielle, la campagne de Kerry, tout le monde en convient, avait besoin d'un second souffle. Les premiers sondages qui mesurent le « convention bounce » - le supplément de voix qui profite normalement au candidat à l'issue d'une convention réussie - diront si Kerry a trouvé les mots pour convaincre.

Source : Le Point

Dominique Audibert et Hélène Vissière à Boston

 

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